COURAGEUSE ÉLISE

BRIGITTE AUBERT - La mort des bois

La vie d'Elise Andrioli a basculé lors d'un attentat à la voiture piégée qui l'a rendue tétraplégique, muette et aveugle. Au cours d'une promenade avec sa dame de compagnie, elle est abordée par une gamine de sept ans qui lui raconte l'histoire de trois garçonnets tués par "la Mort des bois", selon l'expression de la fillette. Vérité ou affabulation ? Elise devra se rendre à l'évidence lorsqu'un quatrième enfant sera retrouvé assassiné et qu'on attentera par deux fois à sa propre vie. Désormais, elle n'aura plus le choix et devra démasquer l'assassin avant qu'il ne soit trop tard. Un tour de force pour Elise, clouée sur son fauteuil, qui ne peut dire "oui" qu'en soulevant son index.

Tout ce que j’aime trouver dans un bon polar : un sujet derrière l’enquête policière.
Et là, l’auteur nous gâte avec le personnage d’Elise, tétraplégique, muette et aveugle.
Elle est drôle Elise : « Pour avoir la trouille, j’ai eu la trouille. Je me sens aussi pimpante qu’un soufflé ratatiné ». Et essaie souvent de tourner les petits et les grands soucis de son infirmité en dérision : « Qui aurait cru que la vie d’un légume pouvait être si trépidante ? »

Cette infirmité, dont on comprend au fil de l’histoire, qu’elle n’est peut-être pas irréversible, est mise au service de l’histoire d’une manière originale. Si Elise entend (les voix, mais également leur changement d’intonation), ou sent (les odeurs, mais aussi le souffle de l’air déplacé par quelqu’un qui passe près d’elle), elle ne peut rien dire, ni rien montrer, seulement après quelque temps, arrive-t-elle à lever l’index, et donc à faire comprendre certaines choses !
L’auteur, la plupart de temps, ne peint pas les situations, les choses ou les actions, mais décrit ce qu’Élise sent, ressent, entend. Le lecteur EST son cerveau, sa pensée. Il réfléchit, agit, se questionne, souffre si elle peine à faire quelque chose, suit les circonvolutions de ses hypothèses relatives aux crimes commis. C’est admirablement bien raconté, on tremble lorsqu’Élise, seule chez elle, est agressée par quelqu’un qu’elle ne voit pas (le lecteur non plus).

Un bémol quand même : plus on avance dans le roman, plus l’histoire se complique, plus les hypothèses se multiplient, plus les théories sont alambiquées, et plus le lecteur a du mal à comprendre (moi en tout cas j’ai eu du mal à comprendreJ).

Mais ce livre vaut d'être lu, rien que pour le personnage d'Élise.

Livre conseillé par Doriane et Véro.

Comments

[Nicolas]

Bon petit polar, original, prenant et bien construit. Un petit détail m'a marqué: la franchouillardise des patroymes des protagonistes: ils s'appellent Jean Guillaume, ou d'autres noms très français. Ou est le melting pot?

[Meriafa]

@ Pom' : c'est peut-être parce que je n'ai pas l'habitude. Il faudrait que j'en lise plus souvent ;-

[pom']

c'est le meilleur thriller que j'ai lu, je n'ai pas trouvé que c'était complexe, par contre.

[Florinette]

J'espère pouvoir le lire très bientôt, car j'aime beaucoup la plume bluffante de cette auteure !!

[Meria]

@ Doriane, tu connais mon attirance pour les études de personnages : j'ai été servie :-)