DE LA MUSIQUE AVANT TOUTE CHOSE
Yasmine GHATA - Le târ de mon père
A la mort de mon père, j'ai reçu le târ qu'on se transmet dans ma famille de génération en génération. L'instrument m'a résisté, refusant de libérer les accords mystiques qui font la gloire des musiciens d'Iran. Sous mes doigts, il ne semblait plus qu'un morceau de bois sans sève. Etais-je maudit ? Quel crime devais-je donc expier? A moins que ce ne fût le târ qui portât un secret trop lourd pour vibrer comme autrefois. J'ai brûlé ses cordes et je suis parti trouver le luthier d'Ardabil. Mais changer les cordes d'un târ, c'est changer son âme. Et celle du musicien qui le possède. Je ne reviendrai jamais d'Ardabil.
Le billet de Delphine avait piqué ma curiosité, et interpellé ma sensibilité. Si bien que quelques heures après sa lecture, j’ai acheté « Le târ de mon père ».
Ne trouvez-vous pas que les petits livres (121 pages pour celui-ci), sont souvent riches en découvertes et en émotions ?
J’admire ces auteurs, qui arrivent à donner à leur style d’écriture, les qualités, la substance du sujet dont il parle. Comme par exemple Soie, de Baricco, dont le style transmet si bien la douceur, la légèreté, la fluidité, la sonorité de la matière.
Dans le récit de Yasmine Ghata, le târ est une personne, qui a une vie propre, qui pleure, qui crie (des notes graves), qui chante, qui devient muette, qui exprime ses sentiments, son mécontentement, son amour.
L’auteur réussit également, tout comme Baricco, à transmettre par son écriture, la légèreté, la délicatesse, l’harmonie, la tonalité de l’instrument.
Autour du târ, pivot de l’histoire, on découvre des personnages attachants, tels Barbe blanche (le possesseur du târ au début de l’histoire), ses fils Nur et Hossein, leur mère, Mohsen qui possédait l’instrument avant Barbe blanche, et Parvis, fils de Mohsen.
S’y ajoutent, un secret de famille, et un pardon rédempteur.
Un « bémol » J : mes oreilles occidentales sont plus réceptives et touchées par les sonorités d’un piano ou d’un violon. Il me semble qu’une oreille orientale, sera plus troublée par ce récit.
Une phrase que j'ai particulièrement aimée : "Ne répétait-il pas que la musique ne provoque pas dans le coeur, ce qui ne s'y trouve pas".