UNE AUTRE SENSIBILITE DANS L'ECRITURE
Vincent Van Gogh - Lettres à son frère Théo
Cette édition des lettres de Van Gogh à son frère Théo, n’évoque pas les amours du peintre, ni ses expériences professionnelles malheureuses, ni ses difficultés familiales.
Le choix de Georges Philippart se porte sur les considérations artistiques du peintre.
Il est intéressant de connaître les sentiments de Van Gogh sur l’art anglais (Londres, 1873) : « L’art anglais ne m’attirait pas fort, il faut s’y habituer. Il y a cependant ici des peintres habiles … ».
Sur Corot (Paris, 1875) : « Hier, j’ai vu l’exposition Corot. Il y avait notamment un tableau, Le jardin des oliviers, je suis content qu’il ait peint cela. »
Certaines scènes le ramènent souvent vers des toiles qu’il décrit d’une manière très émouvante, telle les balayeurs des rues avec leurs charrettes attelées, qui le renvoient à une série de gravures intitulée La vie d’un cheval (Laeken, 1878) : « C’est une scène très triste et profondément mélancolique et qui doit frapper quiconque sait et sent qu’un jour nous devrons passer par ce que l’on appelle la mort, et que la fin de la vie humaine, ce sont des larmes ou des cheveux blancs. »
Il dépeint souvent avec force détails, ses intérieurs (Paris, 1875) : « J’ai loué un petite chambre à Montmartre où tu te plairais. C’est petit, mais elle donne sur un petit jardin tapissé de lierre et de vignes. Je vais te dire quelles gravures j’ai mises au mur : Ruysdael … ».
Un vitrail (Anvers 1885-1886) : « Il y a un vitrail que je trouve superbe –très, très, curieux. Une plage, une mer verte avec un château sur les roches, un ciel bleu étincelant dans les plus belles teintes de bleu, verdâtre, blanchâtre, tantôt plus bas tantôt plus haut de ton ».
Je pourrais vous délivrer encore beaucoup d’extraits, suscitant la même impression : une vive émotion par rapport à la sensibilité du peintre lorsqu’il écrit (je connaissais mieux sa peinture que ses échanges épistolaires), un vif étonnement quant à ses descriptions, qui sont d’une faculté telle, que la représentation de ce qu’il veut faire voir à son frère, est perçu immédiatement par le lecteur.
A lire par petites touches, pour en savourer la teneur.