JUBILATOIRE
Naissance d'un pont - Maylis de KERANGAL
Présentation de l’éditeur : Ce livre part d'une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d'un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d'une dizaine d'hommes et femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un roman-fleuve, "à l'américaine", qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.
Jubilatoire, parce que j’ai tout aimé dans ce roman foisonnant de thèmes.
J’ai aimé par-dessus tout le style : précis au mot près, réaliste, évocateur ; l’emploi parfois de phrases courtes sans ponctuation, ou plus régulièrement de phrases longues, comme celle-ci :
C’est le premier jour du pont, le premier matin. L’aube polaroïde. Les noirs qui s’éclairent et les blancs qui foncent, la pigmentation progressive de tous les verts – fluo, émeraude, pistache, Véronèse, amande, anis, absinthe, turquoise, Hollywood chewing-gum, épinards et malachite, anglais, céladon-, bientôt fixée sur la rétine, et le fleuve est là, souple, les plis calmes, de longues herbes fluorescentes s’y étalent en surface, des taillis dérivent, des bidons, des bouteilles : l’eau est laiteuse et sale.
l’emploi de mots dont j’ignorai le sens, par exemple nuit aniline : de couleur violette,
le dynamisme de l'écriture, sa fluidité.
J’ai aimé tous les personnages, leurs réactions spontanées et parfois violentes devant l’inéluctable, leurs rejets, leurs colères, leur idéalisme, leur candeur, leur rouerie, bref j’ai aimé connaître toutes ces femmes et tous ces hommes dont la vie côtoyait peu ou prou la construction de ce pont.
J’ai apprécié que l’auteure insère dans son récit des détails techniques liés à cet immense chantier, mais qu’elle évoque également les problèmes liés à la faune, à la flore mais surtout à la vie des habitants de la forêt.
J’ai aimé ma frustration quand, la dernière page tournée, j’ai regretté que l’histoire se termine.
Merci à Slo (encore elle J) pour ce cadeau.
Pardon les fillesL
Merci à Chantal, Doriane, Ksendre et Slo !