EN EUROPE, AU 20ème SIÈCLE

11 janvier 2009

EN EUROPE, AU 20ème SIÈCLE

KATHY O'BEIRNE - L'ENFER DE KATHY

kathy L’enfer, Kathy ne craint pas d’y aller, elle y a vécu toute son enfance. Maltraitée par un père colérique, elle est placée à huit ans dans un foyer de redressement où elle subit abus et maltraitance. Quand elle dénonce son agresseur, on la « sauve » en l’envoyant à l’hôpital psychiatrique ! Puis c’est dans une laverie des sœurs de Marie-Madeleine d’Irlande qu’elle est internée. Dans cette institution religieuse accueillant les jeunes filles dites « perdues », elle prie et trime toute la journée pour expier ses fautes. Mais de quels péchés doit se repentir une enfant dont le seul tort est de se voir abandonnée de tous ? Comment garder espoir face à la cruauté d’adultes censés veiller sur elle ?

Je n’ai pu aller voir le film « The Magdelene sisters » (sorti en 2002), aussi lorsque j’ai vu le livre paru en avant première chez France Loisirs, je l’ai acheté.

La lecture est parfois à la limite du supportable, bien que le l’écriture soit dénuée de tout effet de sensiblerie.

J’ai même pensé, après les innombrables sévices et violences décrites, que tout cela ne pouvait pas avoir été infligé uniquement à Kathy, mais que l’auteur avait repris des abus que d’autres avaient également subis. Mais, au fur et à mesure de ma lecture, et je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi, je suis revenue sur cette impression…

Souvent, plongée dans ma lecture je me croyais au 19^ème ou 18^ème siècle, quand soudain l’auteur faisait référence à la télévision, aux Smarties ou au placoplâtre, et là j’étais obligée de constater que les scènes se passaient bien au 20^ème, et même tard dans ce siècle si on se réfère aux inoubliables Smarties !

Il y a dans cette histoire, quelques similitudes avec Les cendres d’Angela : le père qui passe toutes ses soirées au pub ; la mère complètement soumise à son mari (mais peut-elle faire autrement ?) ; certains commerçants généreux avec Kathy (et sa compagne d’évasion du moment) comme ce boulanger, qui laissent en évidence une miche de pain journalière pour les deux fillettes ; les autorités religieuses toujours aussi peu généreuses …

Le récit n’est pas constitué que des nombreuses sévices et autres violences dont l’auteur est victime. Kathy, vers 17 ans je crois, sort enfin de cet enfer, et raconte son pénible retour à la vie, son combat pour faire connaître au monde et reconnaître aux plus hautes instances religieuses d’Irlande, ces horreurs.

Ce qui m’a le plus émue (aux larmes), ce sont les remerciements de Kathy.
A la fin du livre, elle adresse ses remerciements, en premier à sa mère, puis à l’un de ses frères Brian, et à moult personnes qui l’ont aidée ou l’aident encore à sortir de cet enfer. Après avoir lu les atrocités perpétrées sur cette fillette, j’ai été bouleversée que l’auteur trouve encore ce courage : mais c’est justement peut-être la preuve de sa renaissance.